Il y a dans le bricolage des moments suspendus, des petits défis qui nous laissent, le temps d’un week-end, redevenir des architectes de notre propre maison. Surélever un receveur de douche fait partie de ces gestes simples en apparence, mais ô combien précieux, quand il s’agit d’adapter sa salle de bains à la réalité d’un sol, d’une évacuation capricieuse ou d’un design repensé. Cela m’a rappelé l’appartement de ma grand-tante Ana — sa salle de bains aux carreaux roses passée de l’ombre à la lumière avec, simplement, un receveur remonté sur quelques centimètres de plus…
Si vous sentez que votre espace mérite ce petit ajustement, que vous aimeriez voir votre nouvelle douche trôner avec un soupçon d’élan, ce guide est pour vous. Il vous emmène, pas à pas, du repérage du bon matériau aux astuces d’installation, comme si l’on échangeait autour d’une tasse fumante, outils et souvenirs posés là, entre deux sourires.
Pourquoi surélever un receveur de douche ? Les raisons plus nombreuses qu’il n’y paraît
Cela peut sembler contre-intuitif dans une époque où les douches à l’italienne — droites, au ras du sol — font la une des magazines de déco. Et pourtant, la surélévation d’un receveur de douche a bien des vertus…
- Faciliter l’évacuation de l’eau : Dans certaines maisons anciennes ou en rez-de-chaussée, la pente naturelle du sol ne suffit pas à garantir un bon écoulement. Surélever permet d’installer une évacuation suffisamment inclinée.
- Cacher les canalisations : Lorsque passer les tuyaux sous la dalle est impossible (ou trop coûteux), une base surélevée offre une belle solution.
- Gagner en accessibilité : Paradoxalement, une surélévation légère (et bien pensée) peut mieux convenir à certains besoins spécifiques, notamment lorsque des barres d’appui ou un receveur anti-glisse doivent être installés.
- Revaloriser esthétiquement l’espace : Une base bien intégrée et habillée de bois ou de carrelage peut devenir un atout décoratif, surtout si l’on aime les contrastes de niveaux et les perspectives intéressantes.
Et puis il y a le simple plaisir de faire quelque chose de ses mains, de sentir que l’on transforme un détail technique en atout esthétique. Comme un clin d’œil discret à ceux qui entrent dans la pièce…
Quels matériaux choisir pour surélever votre receveur de douche ?
La base sur laquelle votre receveur reposera peut prendre plusieurs formes. Le choix dépendra à la fois de vos besoins techniques (hauteur souhaitée, solidité attendue, isolation phonique) et de votre budget.
Le socle en béton cellulaire
Il reste une de mes méthodes préférées. Léger, facile à découper, bon isolant et stable, le béton cellulaire (de type Siporex) permet une base solide, même pour un receveur en céramique plus lourd.
- Avantages : stabilité, bonne résistance à l’humidité, personnalisable.
- Inconvénients : demande un certain soin dans la mise en œuvre (colle spéciale, découpe soignée).
Le châssis métallique préfabriqué
Plus rapide, cette solution est parfaite pour poser un receveur extra-plat tout en assurant un bon accès à la plomberie en dessous. Certains kits incluent même des pieds réglables et un tablier aimanté.
- Avantages : pas de maçonnerie, accès facile aux évacuations, rapide à poser.
- Inconvénients : moins personnalisable, prix plus élevé.
La structure en bois hydrofuge
C’est la solution des bricoleurs et bricoleuses au cœur tendre pour les essences nobles. En réalisant un cadre avec des tasseaux et des panneaux CTBX (contreplaqué marine), vous créez un podium élégant sur mesure.
- Avantages : liberté de conception, aspect chaleureux si visible.
- Inconvénients : nécessite une excellente étanchéité, risque de gonflement si mal protégé de l’eau.
Je me souviens d’un chantier chez une amie, Jeanne — son maître-mot était “bois brut partout”. On avait conçu un caisson en pin verni, parfaitement ajusté à son receveur gris foncé. Un vrai bijou.
Préparer le chantier : ce qu’il faut vérifier avant d’attaquer
Avant même d’acheter le premier sac de mortier ou de visser une planche, prenez un petit moment pour observer, mesurer, anticiper. Ce moment là, sous-estimé souvent, vous évitera plus tard bien des allers-retours à la quincaillerie…
- L’évacuation existante : est-elle accessible ? A quelle hauteur se situe-t-elle ? L’eau pourra-t-elle s’écouler naturellement ?
- La pente nécessaire : pour que l’eau s’écoule correctement, prévoyez une pente d’au moins 1 à 2 cm par mètre entre le receveur et la sortie d’évacuation.
- La hauteur totale disponible : N’oubliez pas de prendre en compte le carrelage éventuel, la hauteur du receveur et la base.
- Le type de sol existant : bois, béton, carrelage… cela influencera votre méthode de fixation.
Étapes de réalisation : poser un receveur surélevé efficacement
Le moment tant attendu est là. Celui où l’action remplace la réflexion, et où la matière se transforme sous vos mains. Voici un déroulé type, à adapter en fonction de la solution matérielle choisie.
1. Réalisation de la structure (socle ou cadre)
Pour une base en béton cellulaire : coupez les blocs selon les dimensions du receveur, fixez-les au sol avec une colle adaptée, et créez la trappe technique pour l’évacuation.
Pour un cadre en bois : assemblez vos tasseaux pour former le pourtour du socle, posez des traverses pour le maintien, fixez les plaques de contreplaqué hydrofuge, puis vissez bien. N’oubliez pas de créer une ouverture pour la bonde.
2. Étanchéité et isolation
Même surélevé, votre receveur doit rester imperméable à toute infiltration. Utilisez une natte d’étanchéité, appliquez un primaire d’accrochage si nécessaire, et vérifiez que vos joints soient bien fermés partout.
Un petit conseil d’amie : ajoutez une bande résiliente entre le socle et le sol pour éviter les vibrations et les petits grincements dans le temps. Après tout, la douche doit rester un moment suspendu… pas grincheux.
3. Pose du receveur
Posez le receveur à blanc pour tester l’agencement, puis appliquez une colle adaptée (souvent un mortier colle) ou silicone technique, selon le matériau du receveur. Appuyez fermement, sans forcer, et contrôlez l’horizontalité avec un niveau à bulle.
4. Raccordement de la bonde
Connectez votre bonde au tuyau d’évacuation du socle. Un conseil, allumez un peu d’eau pour vérifier immédiatement que tout s’écoule bien. Un petit test, et vous dormirez l’esprit serein…
5. Habillage final
La dernière étape, celle qui transforme le fonctionnel en charmant. Vous pouvez carreler le tour de la base, réaliser un habillage en panneau décoratif, ou même laisser le bois visible, à condition qu’il soit protégé.
Petit clin d’œil déco : une frise de carreaux artisanaux ou un papier vinyle mural coordonné peuvent créer un rappel graphique du socle très chic.
Petites erreurs à éviter (parce que oui, on en fait tous)
- Négliger la hauteur de la pente de l’évacuation = eau stagnante garantie…
- Utiliser un bois non traité = risque de moisissure.
- Oublier l’accès à la trappe = problème en cas de fuite.
- Poser trop vite le receveur sans vérifications = désalignement, classique mais évitable.
Et si vous vous trompez… voilà, vous faites simplement partie de notre joyeuse équipe de bâtisseurs imparfaits. L’important, c’est de corriger, d’apprendre, et de continuer. Comme dans la vie.
Quand faire appel à un professionnel ?
Si la plomberie vous donne des sueurs froides, que vous redoutez les découpes complexes ou que votre sol est vraiment irrégulier, il peut être sage de déléguer. Certains artisans ont ce doigté qu’on admire, ce savoir-faire transmis sur les chantiers de leurs pères, et ils sauront faire de votre meuble technique une jolie œuvre discrète et fiable.
Mais si l’envie est là, ne la retenez pas. Le bricolage, c’est aussi une fête intérieure.
Surélever un receveur de douche, c’est peut-être trois planches, deux tubes et un niveau. Mais c’est surtout élever un petit détail de la vie quotidienne vers un peu plus de confort, un peu plus de beauté. C’est penser à demain, les pieds sur la céramique, le cœur un peu fier d’avoir façonné ça de ses mains, dans la moiteur d’un après-midi calme, où seul le chant de la perceuse troublait la paix du foyer.